Ils gardaient encore un petit espoir hier. Mais aujourd'hui, à 2550 milles de l'arrivée, les troupes de Spindrift 2 doivent renoncer. Les chances de battre le temps du Trophée Jules Verne se sont envolées. Entre un anticyclone des Açores campé en travers de la route et de violentes tempêtes à suivre, les conditions qui règnent sur l’Atlantique sont particulièrement défavorables. Dès aujourd'hui, les marins vont lever le pied et cesser de naviguer en mode record. Objectif : passer la ligne à Ouessant en toute sécurité.
Credit : Y.Riou (embarqué)
Dure loi des records
Plus de 18 heures d'avance au Cap Horn mais ensuite, plus rien ne s'est enchaîné comme ils l'espéraient. Une très longue remontée de l'Atlantique Sud, contraints de faire de l'Ouest et de suivre le tracé virtuel de Banque Populaire V sans pouvoir "couper le fromage", et enfin de grosses dépressions sur l'arrivée.
Yann Guichard et ses troupes y croyaient encore un peu hier. Mais la sentence est tombée. Aucune fenêtre ne s'est entrouverte pour laisser passer l'équipage. Dure loi des records ! Et qui en fait aussi toute la beauté. Même si à bord de Spindrift 2, c'est la cruelle désillusion pour les hommes et femme du bord.
L'Anticyclone s'étale
Jusqu’à hier samedi, la possibilité même réduite de pouvoir franchir la ligne d’arrivée dans les temps était encore envisageable. Mais en fin de journée, la situation s’est affinée. L’anticyclone des Açores s’est étalé pile sur la trajectoire et oblige Spindrift 2 à tirer un grand bord vers le Nord-Ouest sur les traces de son prédécesseur. Ces hautes pressions vont s’étirer dès la nuit de dimanche vers le Nord jusqu’à Terre-Neuve.
Les tempêtes s'enchaînent
En outre, une nouvelle dépression violente est attendue du Sud de l’Irlande jusqu’au cap Finisterre dès dimanche soir, prémices d’un nouveau coup de vent très virulent jeudi.
Il ne fait pas bon naviguer ces jours prochains entre le Labrador et le golfe de Gascogne. Surtout que la mer déjà très grosse au large de Ouessant ne va que gonfler et devenir de plus en plus chaotique voire dangereuse. Déjà ce samedi, la mer d’Iroise était balayée par des vents supérieurs à 35 nœuds (72 km/h) avec des rafales à plus de 60 (139 km/h) et des creux supérieurs à huit mètres au large.
La raison l'emporte
Dans ces conditions, Yann Guichard va adopter la prudence et la sécurité afin de ne mettre en péril ni les hommes, ni le bateau : s’il s’avère nécessaire de ralentir pour éviter le plus gros de cette succession de coups de vent, la raison l’emportera sur toutes autres considérations.
Yann Guichard, skipper de Spindrift 2 : "La météo n’a pas voulu que ça passe"
« L’anticyclone des Açores continue de grossir et nous allons devoir faire route au Nord-Ouest pendant encore 1000 milles pour pouvoir le contourner et attraper les dépressions. Nous espérions toujours qu’une fenêtre s’ouvre pour faire route plus rapidement mais ce n’est pas le cas et il faut se rendre à l’évidence.
Il va falloir gérer l’atterrissage sur la Bretagne car les vents et la mer annoncés sont très forts. Nous ne sommes donc plus en mode record car on ne peut plus battre le Trophée Jules Verne, l’objectif est maintenant de passer la ligne d’arrivée à Ouessant en toute sécurité.
La météo n’a pas voulu que ça passe jusqu’à l’arrivée. Ce n’est que partie remise pour tenter de battre à nouveau ce record du Trophée Jules Verne. »
Dona Bertarelli, barreur-régleur :
« Longtemps avant notre départ, on connaissait les règles du jeu, la météo faisant office d'arbitre. Il faut savoir accepter ce sort. Maintenant, l'objectif est de boucler ce tour du monde. »
Spindrift 2 à 10h30
Milles de retard sur le record : 280
Milles parcourus en 24 h : 673
Vitesse moyenne en 24 h : 28
Par la rédaction
Sources : V.Bouchet - ScanVoile