America's Cup / Loïck Peyron : "La Coupe aux Bermudes s’annonce comme une édition passionnante"

"Cette 35ème édition s’annonce très dure nerveusement." Membre du Design Team d’Artemis Racing, Loïck Peyron fait le point sur le début de sa deuxième campagne chez le challenger suédois de la 35ème America’s Cup. Rencontre aux Bermudes.


Credit : S.van der Borch / Artemis Racing

Quelles sont vos premières impressions des Bermudes ?
Loïck Peyron :Pour l’intérêt de la course, des équipes et du spectacle, la Coupe aux Bermudes s’annonce comme une édition passionnante. Nous avons reçu un accueil fantastique de la part des Bermudéens. Lorsqu’on a le choix entre le soutien de 0.1% de la population d’une grande ville et celui de 99% d’une île entière, la seconde option est plus appréciable au quotidien’.


Quelles sont les spécificités du plan d’eau bermudéen ?
L.P. : ‘Le Great Sound est très étroit, très atypique et il nous oblige à beaucoup manœuvrer. Les fameuses zones de navigation qui existaient déjà dans les règles de courses précédentes s’imposent ici d’elles-mêmes naturellement. 

Le seul bémol, c’est que nous manquons un peu de champ libre pour s’élancer et tester notre vitesse pure. Mais cela nous force à rentrer de suite dans le vide du sujet et à enchaîner les manœuvres dans un vent très variable en force et direction – bien plus qu’à San Francisco. 

Cette 35ème édition s’annonce très dure nerveusement.’


Quelle est l’actualité d’Artemis Racing aux Bermudes ?
L.P. : ‘A Dockyard, nous avons mis en place une petite base a minima où nous ne reviendrons qu’en 2017 pour être aux côtés des autres équipes lors des Louis Vuitton America’s Cup Qualifiers, Playoffs et Match. Début 2016, nous nous installerons à Morgan’s Point (à 10km) où nous bénéficierons de tout l’espace nécessaire à nos trois catamarans.

En parallèle, nous gardons notre base à Alameda en Californie où notre design team est toujours installé. En janvier dernier, nous y avions été les premiers à mettre à l’eau notre AC45Turbo’.


Comment pouvez-vous optimiser la nouvelle jauge des America’s Class ?
L.P. : ‘Les développements possibles se situent principalement au niveau des appendices – c’est la principale marge de manœuvre du design team qui est d’ailleurs formée de nombreux ingénieurs et architectes français. On y concentre donc beaucoup de nos forces. Et bien sûr aussi au sein de l’équipage, qui fera toute la différence ! Sans oublier que sur ces bateaux qui volent, les variations de vitesse sont extrêmes. On se rapproche de l’aviation et du domaine aéronaval.'


Quel est votre programme de navigation ?
L.P. : ‘Notre programme de navigation dépend surtout de la présence de notre skipper Nathan Outteridge (AUS, 29 ans) et de Iain Jensen ‘Goobs’ (AUS, 27 ans) engagés sur le circuit des 49er. Nous en profitons alors pour effectuer des rotations dans l’équipage afin de pouvoir remplir deux bateaux. Julien Cressant (FRA, 42 ans) – dont c’est également la 2ème campagne avec Artemis Racing – en fait partie. Chez Artemis Racing, je suis un agitateur de particules, j’apporte un œil neuf et du recul à l’équipe. Peu m’importe d’être sur la feuille de match, il faut savoir laisser la place aux jeunes’.


Comment s’annonce le début de cette 35ème édition ?
L.P. : ‘Pour les Louis Vuitton America’s Cup World Series, nous ne serons pas forcément les mieux armés car nous avons choisi de nous entraîner à bord des AC45Turbo qui ne seront pas utilisés. Ces étapes seront disputées en AC45 classique, juste équipés de petits foils et dont la structure reste inchangée. A bord des AC45Turbo, nous nous formons déjà aux futurs America’s Cup Class sur lesquels se jouera la finale.

Les AC45Turbo sont aussi beaucoup plus larges que les AC45 classiques. Nos vitesses en AC45T sont similaires à celles des AC72 d’il y a deux ans. C’est comme si vous preniez la même voiture avec un moteur identique mais avec des pneus de tailles différentes. On peut difficilement transmettre la puissance du moteur sur des petits pneumatiques comme le sont les AC45 avec leurs foils.

A ce jour, les Britanniques de Ben Ainslie Racing qui naviguent en AC45 classique et à domicile depuis presque 2 ans apparaissent donc comme étant les favoris de la première étape du circuit, mais la compétition reste ouverte’.


Par la rédaction
Source : C.Daycard