ITW / Dongfeng a démâté, Charles Caudrelier : "Depuis le début, on avait un peu cette inquiétude" (vidéo)

Dongfeng Race Team, leader du classement général de la Volvo Ocean Race, a démâté ! Il était alors en approche du Cap Horn, sur la cinquième étape du tour du monde. Charles Caudrelier, le skipper, revient sur les événements de la nuit. 


Credit : Y.Riou

Charles Caudrelier ne souhaite pas abandonner pour l’instant. Il étudie toutes les possibilités pour terminer l’étape sous gréement de fortune même s’il reconnait que cette « option A » n’est pas la plus évidente. Le bateau doit arriver à Ushuaia d’ici 24 à 36 heures, soit mardi après-midi, heure française.



Que s’est-il passé ?
« On allait moins vite. On a toujours été prudents, sans doute refroidis par notre empannage chinois d’il y a quelques jours. Le but, c’était d’arriver en bon état au Cap Horn. Ces petits retards accumulés n’étaient pas très graves. On était vraiment sur la réserve et on naviguait normalement. On était à un ris fractionné (voilure réduite, ndlr) avec 25 – 30 nœuds de vent, ce qui est tout à fait raisonnable. 

D’un seul coup, bang ! J’étais à l’intérieur. J’ai cru que c’était un safran qui avait cassé. Je suis sorti et même sur le pont, ils ne comprenaient pas très bien parce qu’il nous restait encore les voiles. Ils pensaient que c’était la tête de la Grand Voile qui avait cassé et qui s’était décrochée du mât. En fait, c’est le mât qui était cassé.

Il a cassé très haut, au troisième étage de barre de flèche.  Pourquoi ? On ne sait pas. On n’a pas fait de grosse bêtise, ça c’est sûr. Est-ce qu’on l’a mal utilisé ? Est-ce qu’on l’a trop chargé ? Je ne crois pas. On était à peu près dans ce qu’on a l’habitude de faire. C’est des mâts qui sont extrêmement cintrés et c’est vrai que ça faisait un petit peu peur. Depuis le début, on avait un peu cette inquiétude. Il a cassé à peu près comme on aurait pu s’y attendre. Il y a peut-être un périphérique qui a cassé. On ne le sait pas. »



Quelles étaient vos conditions de navigation ?
« Les conditions n’avaient rien d’extrêmes. On est devant une dépression donc la mer est extrêmement bonne. On avait 25 nœuds de vent avec des vents qui n’étaient pas très denses par rapport aux autres jours. Nous avons eu des conditions beaucoup plus musclées après la Nouvelle-Zélande. La mer était un pur bonheur. Ça glissait bien, ça allait vite. C’étaient des conditions tout à fait raisonnables, surtout pour ces coins là. »


Comment se sont déroulées les premières minutes après le démâtage ?
« Le problème qu’on a eu, c’est que nous nous sommes retrouvés face au vent. On a perdu le contrôle du bateau avec un énorme bout de mât qui se baladait au-dessus de nos têtes. Ma première frayeur a été qu'il tombe sur l’équipage. Il a fallu qu’on arrive à redresser la route pour se mettre à peu près au vent arrière.

On a eu des problèmes parce que la voile d’avant était sous le bateau. Il a fallu couper un peu partout mais ça ne s’est pas trop mal terminé. Maintenant, la voile est accrochée toujours par la tête. On a nos deux bouts de mât, une voile accrochée qui vole à l’horizontale parce qu’il y a quand même 25 – 30 nœuds de vent et on avance tout doucement vers Ushuaia. Il faut qu’on arrive à résoudre ce problème : comment récupérer ce bout de mât et essayer de sauver notre Grand Voile. C’est ce qui m’importe le plus. »


Quelle est la prochaine étape ?
« On est à peu près à 250 milles d’Ushuaia. Il nous faudra au moins 24h, ce sera même plutôt 36. Notre équipe technique nous attend là-bas. On ne va pas encore abandonner l’étape parce qu’on a toujours la solution, comme on l’avait fait avec Groupama 4, de terminer sous gréement de fortune.
Ça me parait quand même compliqué pour être à temps au départ de la prochaine étape. 

Mais l’objectif, c’est de gagner deux points. Il y a quand même deux points à prendre entre une place de 6ème et un abandon. Mais ça va être difficile. L’option B, c’est d’arriver à ramener le bateau à Itajaí le plus vite possible pour récupérer un mât neuf et être prêt pour la prochaine. C’est l’objectif numéro un aujourd’hui. »


Quel est l’état d’esprit à bord en ce moment ?
« Il faut qu’on amène le bateau à Itajaí le plus vite possible. Ça va être un coup dur à avaler mais il faut se souvenir qu’il y a deux ans, il y a un bateau qui était en tête de cette étape (Groupama 4, ndlr), qui a démâté et qui a ensuite gagné la course. Et il avait plus de points de retard que l’on en aura à Itajaí ! Dans notre malheur, on ne casse pas trop loin de la côte et on peut réagir vite. C’est un démâtage heureux. Il y a des démâtages plus malheureux. »





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Par la rédaction
Source : VOR