Transat Jacques Vabre / Macif a démâté, François Gabart et Michel Desjoyeaux vont bien (Vidéo-ITW)

1 heure du matin. La nouvelle est tombée comme un cauchemar. MACIF a démâté. En tête depuis le 17 novembre dernier, François Gabart et Michel Desjoyeaux ont annoncé à la direction de course la perte de leur mât. L’équipage va bien et a sécurisé le bateau en libérant le gréement. Il fait donc actuellement route vers Salvador de Bahia situé à 140 milles. François Gabart revient sur les circonstances du démâtage. "Visiblement, c’est le tube qui s’est brisé."



Les IMOCA, malgré une course de vitesse sans jeu tactique, naviguent par un alizé de Sud-Est soutenu. Les uns derrière les autres, tous poussent au maximum leur machine pour tenter de creuser l’écart ou reprendre des milles sur le plus proche rival. MACIF qui avait mené la course ces derniers jours a donc perdu son mât cette nuit. Les autres concurrents ont été rapidement prévenus par la direction de course, notamment PRB situé à seulement 11 milles dans son tableau arrière.


Dans quelles circonstances est survenu ce démâtage ?
François Gabart : « On naviguait bâbord amures, dans 15-20 nœuds d’Est, Sud-Est. Les conditions n’avaient rien d’exceptionnel. Il y avait un peu de mer, mais elle n’était pas de face, elle venait de l’arrière. Le bateau était sous pilote, j’étais dans le cockpit et Michel à la bannette. Le mât s’est cassé à 10 mètres au-dessus du pont. Il est parti sur l’arrière. 

Même s’il est trop tôt pour avoir un début d’explication, tous les câbles qui retiennent le gréement étaient en place. Visiblement, c’est donc le tube qui s’est brisé. Nous avons aussitôt averti l’équipage de PRB afin d’éviter les risques de collision.

Nous avons eu un peu de mal à libérer la partie haute du mât, cela nous a demandé près d’une heure et demie d’effort, en faisant bien attention de ne pas abîmer le bateau et de récupérer ce que l’on pouvait. »

Avez-vous pu installer un gréement de fortune ?
F.G : « Nous avons gréé le tourmentin que nous avons fixé sur les dérives (voir photo-ci jointe). Nous progressons actuellement plein Ouest pour rallier la ville de Salvador de Bahia, distante d’environ 140 milles. Nous n’avons pas suffisamment de gasoil pour faire toute la route au moteur, nous progressons donc autant de possible sous ce gréement de fortune, à 4 nœuds de moyenne environ. Nous espérons arriver au plus tard demain dans la journée. »

Dans quel état d’esprit êtes-vous à bord du bateau ?
F.G : « C’est un coup dur, même si depuis que ce démâtage est survenu, nous n'avons pas eu le temps de tergiverser. Nous avons été dans l’action pour libérer le gréement. Nous allons essayer de regarder devant. Si l’on regarde derrière, nous n’avons pas à rougir. Même si nous avons fait quelques erreurs, nous avions bien progressé. 

Malgré notre escale, nous avions de bons arguments pour jouer la gagne jusqu’au bout face à PRB. Cela fait mal, c’est blessant, c’est triste, mais malheureusement ce type d’avarie fait partie des aléas d’un sport mécanique comme la voile. MACIF reste un très bon bateau, l’un des leaders de la classe IMOCA. Je garde une totale confiance en lui. Nous allons l’équiper d’un nouveau mât pour la saison prochaine dans la perspective de la Route du Rhum. »


Credit : F.Gabart


Marc Guillemot, skipper de Safran (IMOCA) :
« Je suis vraiment très triste pour l’équipage de MACIF, ils ont fait un super parcours. Le principal, c’est qu’ils puissent ramener le bateau. Il faut toujours être prudent comme on peut l’être en course, être vigilant à l’accastillage et à comment l’utiliser. Mais, il ne faut pas être parano non plus. Les conditions ne sont pas évidentes en ce moment. Il y a une heure, on est parti dans un grain à 24-25 nœuds. De travers avec beaucoup de toile, tu peux partir en vrac, et un choc violent pour le gréement, ce n’est pas génial. »

Vincent Riou, skipper de PRB (IMOCA) :
« Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, ce que je sais c’est qu’on tire dur sur les bateaux. Après est-ce qu’il y a eu erreur de manip’ ou pas ? C’est un risque qui fait partie des sports mécaniques. Depuis le début de la course on a des conditions difficiles qui nous obligent à constamment faire attention. Et les derniers jours avant l’arrivée vont être encore assez durs pour les bateaux. »


Par la redaction
Sources : A.Bourgeois et Transat Jacques Vabre