Multi50 / Remorqueur sur zone, les opérations de sauvetage pour Lalou Roucayrol et Arkema en cours

85h00…. Après le chavirage de leur trimaran Arkema – Région Aquitaine le dimanche 10 novembre à 23h00, les deux marins ont passé plus de 3 jours et demi, à deux, dans les 4m² de la coque retournée du bateau. Lalou Roucayrol et Mayeul Mayeul ont enfin vu arriver les secours ! Le remorqueur hollandais WEST est arrivé ce midi. Les deux marins sont en sécurité à bord mais le retournement n'a pas réussi. Arkema est donc en remorque à l'envers.


Credit : Team Lalou Multi

36 heures pour arriver sur zone !
La course contre la montre a alors commencé pour l’équipe à terre : coordonner les secours, affréter un remorqueur, mettre en place une procédure de retournement du trimaran en pleine mer… Un casse-tête logistique que l’équipe a réussi à mettre en place en 48 heures. Le WEST a ainsi quitté le port de Lisbonne le mardi 12 novembre à 23h00, avec, à son bord, 4 membres de l’équipe Lalou Multi et du matériel nécessaire au retournement du trimaran dont pas moins de 4 tonnes de lest (ferraille coulée dans du béton). Les conditions de mer n’auront pas facilité la tâche des secours. Ceux-ci ont dû, en effet, composer avec des creux de 4 mètres et plus de 30 nœuds de vent ce qui a considérablement ralenti leur progression. Il leur aura ainsi fallu 36 heures pour arriver sur zone, et récupérer les deux marins.

Tenter le retournement
Objectif maintenant, mettre en place la procédure de retournement du trimaran. Effectuée une seule fois par le passé avec succès, en 2005 avec l’hydraplaneur d’Yves Parlier, elle consiste à lester l’arrière du bateau (pour l’enfoncer dans l’eau) puis fixer deux sangles à l’avant de la coque centrale du trimaran et enfin tirer le bateau à faible vitesse. L’arrière s’enfonce, ainsi dans la mer, grâce aux 4 tonnes de lest, et le bateau se retourne doucement en faisant 180°. C’est une manœuvre complexe, notamment dans les conditions de mer actuelles – houle forte et croisée – et sa réussite n’est pas garantie.

Dans le cas où la manœuvre réussirait, le remorqueur sanglera ensuite le bateau pour le ramener, à l’endroit, dans le port de Cascais. En cas d’échec, le bateau serait également remorqué dans le port portugais, mais à l’envers sur près de 200 milles nautiques, avec le risque d’endommager davantage la structure du bateau.


Les marins racontent
Mayeul Riffet :
« On est maintenant sur le remorqueur. On a enfin pu prendre une douche et manger un bout. Notre bateau est toujours à l’envers et fait route vers Lisbonne accroché derrière nous. Les conditions de mer sont tellement mauvaises qu’il a été très difficile de mettre le bateau en remorque et donc impossible de faire la manœuvre de retournement.

A l’intérieur on a fait de la lecture, et avons beaucoup parlé avec Lalou, de nous, de l’avenir, de choses et d’autres… Dans ces conditions, on pense beaucoup, et on essaye de ne pas devenir dingue dans cet espace confiné.

Sortir du bateau et monter sur le remorqueur a été si périlleux que nous n’avons pas tenté la manœuvre de retournement. C’est déjà bien qu’on soit là, et c’est un exploit d’avoir réussi à mettre le bateau en remorque. On a failli le détruire plusieurs fois avec le remorqueur, juste pour l’amarrer ! Le bateau dérivait vite c’était vraiment compliqué. Il se situe 200 mètres derrière nous, la structure a l’air de bien tenir."

Lalou Roucayrol :
"Notre espoir était de sauver le bateau. Nous le ramenons donc ainsi et pour l’instant il est intact. Ce bateau représente l’incroyable travail d’une équipe depuis 3 ans, et il me tenait à cœur de le ramener au port. Je n’en suis pas à mon premier chavirage et à chaque fois, je reviens à mon humble niveau de la perception humaine, de la condition de marin. 

Replonger, se faire récupérer par le remorqueur dans une mer forte, avec beaucoup de prise de risque… c’est dur ! On va prendre le temps de réfléchir à tout ça pendant les 4 jours de mer qui nous attendent avant d’arriver à Cascais."

Source : MA Parendeau