Ils ont certes mis le clignotant à droite, mais pas tout à fait. L'anticyclone les empêche toujours de faire route directe vers La Martinique. N'empêche, les compteurs reprennent de la couleur ! Erwan Tabarly (Armor Lux - Comptoir de la Mer) glisse à 11 noeuds en tête d'une flotte qui continue de s'étirer…
Credit : A.Courcoux
Aujourd'hui, la régate prend une nouvelle tournure. Erwan Tabarly (le seul à afficher une vitesse à deux chiffres) mène toujours le groupe des sudistes avec 30 milles d'avance sur Gildas Morvan, lequel a augmenté son écart avec Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012). Un trio qui a désormais pris de l'avance sur le reste de la flotte.
De l'autre côté de la bulle anticyclonique, deux marins sont sur le point de concrétiser leur option. Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) pointent leurs étraves vers le sud espérant rejoindre l'alizé avant que la porte ne se referme. A 7 nœuds de vitesse, les deux marins téméraires y croient, sachant que de toute façon, ils n'ont pas le choix !
Les marins racontent
Gildas Morvan (Cercle Vert) : "Je fais de la vitesse"
« Ca va très très bien car on a eu une rentrée de vent, la mer était plate, la lune claire, on voyait très bien et ça allait vite. Il y avait pas mal de cargos et de trafic, mais c'était vraiment super sympa. Pour le moment je n'ai grand-chose de prévu. Le problème, c'est que les routages font empanner par le nord. Pour le moment, je fais de la vitesse. Je vais réfléchir aujourd'hui et demain à ce que je vais faire. Tous les jours je vérifie si les routages et les prévisions font la même chose, je fais des plans pour l'arrivée aux Antilles. »
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) : "On commence notre traversée de l'Atlantique !"
« Mon but est de revenir sur Yoann (Richomme), il est à 15 milles devant mais en ligne droite c'est dur de récupérer un écart pareil. Je crois qu'il est un peu parti cette nuit. Dans l'ensemble, il va un petit peu plus vite car il y a du vent dans le sud mais ce n'est pas grave. Nous avons de belles conditions. Nous sommes encore un peu chahutés, nous sommes sur la relevé des fonds du plateau continental, toute la nuit ça a été un peu bizarre mais comme on est au portant tout va bien quand même. Ca y est on commence notre traversée de l'Atlantique ! ».
Simon Troël (Les Recycleurs Bretons) : "Un peu la déprime"
« Je n'ai pas très envie de me rapprocher des côtes. Hier, je me suis un peu fait démolir car il n'y avait pas trop de vent. Il y avait une flotte de bateaux de pêche qui me proposaient du poisson, de l'alcool, des cigarettes. Aujourd'hui, il y aura encore peu de vent jusqu'en milieu d'après-midi. Là, c'est un peu la déprime pour le moment. La nuit dernière, c'était bien mais hier j'étais trop près donc là je m'éloigne un peu. Nous ne sommes pas franchement sortis d'affaire mais ça devient bon. »
Eric Baray (Tektôn AGM – Région Martinique) : "Ca va plutôt bien"
« Ca va plutôt bien ce matin. Il fait soleil comme à la maison et un peu frais. Ca fait du bien, car ça veut dire que l'on se rapproche. J'ai 18 à 20 nœuds, la mer est très agréable, c'est un peu comme dans nos canaux entre les îles. Pour l'instant j'ai une route qui passe entre Tenerife et Gran Canaria. Mais soit je passe au devant de Tenerife, soit entre les deux, mais la route entre les deux est bonne, elle est sous spi, c'est agréable. Je vais faire mon choix en approche, dans les 5 à 10 milles. Le vent va tourner à mon avantage dans les 24 heures, je serai dans la ligne droite que j'ai tracée. »
Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) : "Ca repart bien vers devant"
« Ca a accéléré, c'est bien, ce n'est pas la tempête mais c'est bien ! Il y a un bon angle, des belles vagues et ça avance facilement à 10 nœuds, voire parfois des pointes à 14 nœuds par moment, c'est agréable. J'ai entre 18 et 22 nœuds de vent.
On a un peu lofé, on n'est pas plein vent arrière, on arrive à avoir une vitesse moyenne assez élevée en prenant bien les vagues. Je m'en veux un peu, hier dans la dernière baie après la pointe où j'avais pris à l'intérieur, Gildas a bien recroisé dans la nuit. Je me suis pas mal reposé, j'allais chercher une bascule au large. J'ai complètement oublié le côté accélération thermique la journée et la forte chaleur à terre. Je l'ai payé toute la soirée, toute la nuit le temps de quitter les côtes. Ca repart bien vers devant, Erwan est toujours plus rapide ».
Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Espoir) : "c'est la misère, c'est la misère, c'est la misère."
« Il n'y a plus de vent, c'est galère ! Je cravache pour revenir, je reviens, ça repart, je reviens, ça repart ! Je n'ai plus de vent derrière moi. J'ai essayé au large, à la côte, c'est la misère, c'est la misère, c'est la misère. C'est à cause de l'anticyclone, mais il devrait repartir. Il y a de l'air sur les fichiers, Simon n'a pas d'air non plus, c'est un peu la galère alors que les autres se sont barrés devant ! Je suis à la plage, je vois les baigneurs !
Je ne dors pas, j'essaye de cravacher, c'est galère. Je n'ai pas la carto du coin, donc je n'ose pas trop me rapprocher des côtes, je n'ai pas envie de me foutre au sec non plus ! Je suis obligé d'empanner et je reviens d'où je viens. Les autres, je ne les reverrai plus avant Fort-de-France, ils sont partis plein gaz. On le savait qu'il fallait partir par devant et s'arracher avant ! J'ai envie de me barrer de l'Afrique ! Je vois Damien et Arnaud en train de se gaver, ce n'est pas bon cette histoire-là ! »
Les cinq premiers à16 h
1 : La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 2 331,23 milles de l'arrivée
2 : Régates Sénonaises (Arnaud Godart-Philippe) à 18,36 milles
3 : Armor Lux – Comptoir de la Mer (Erwan Tabarly) à 48 milles
4 : Cercle Vert (Gildas Morvan) à 104,71 milles
5 : Skipper Macif 2012 (Fabien Delahaye) à 130,16 milles
Source : Rivacom