A 0h45, alors qu'il naviguait en 3e position du Vendée Globe à environ 550 milles dans le nord-ouest des îles du Cap Vert, Jean-Pierre Dick a appelé son équipe. Virbac-Paprec 3 a perdu sa quille* vers minuit (heure française).Le skipper niçois va bien et a stabilisé la situation. Le bateau est à l'endroit, ballasts remplis, et navigue à environ 8 nœuds. Le skipper niçois est confronté à une décision importante : continuer la course en mode « dégradé » ou abandonner le Vendée Globe en s’abritant aux Açores.
Une rupture mécanique cruelle qui rappelle à chaque skipper que la course est encore loin d'être terminée et qu'à chaque instant, le rêve peut se briser.
Comme d'autres avant lui (Marc Guillemot, Roland Jourdain, Mike Golding...), Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) vient de subir un terrible et cruel coup du sort dans ce 7ième Vendée Globe. A un peu plus de 2000 milles seulement des Sables d'Olonne, soit une grosse semaine avant l'arrivée estimée, le skipper niçois vient de perdre sa quille. Une avarie majeure qui aurait pu le faire chavirer rapidement.
Il a fallu toute l'expertise du skipper, beaucoup de sang froid et un peu de chance pour éviter le pire. Monté sur le pont pour régler ses voiles en prévision d'un grain, Jean-Pierre Dick a pu très rapidement réagir après que le bateau se soit couché et choquer les voiles en grand, ainsi que la bastaque pour que le bateau se redresse. Entièrement ballasté pour stabiliser au maximum le bateau, le skipper fait maintenant route vers les Açores, distantes de 1000 milles ce matin.
Actuellement tribord amure dans un vent de nord-est de 20 noeuds, il ne peut faire route directe vers sa destination et devra vraisemblablement naviguer au nord-est pendant 2 jours avant de toucher, dans 450 milles, un flux perturbé de sud-ouest qui lui permettra de filer tribord amure directement vers l'archipel, encore distant de 600 milles. Une progression délicate qui devrait bien prendre six jours
Joint au téléphone, Jean-Pierre Dick confiait :
« Je naviguais tribord amure avec la grand-voile avec 1 ris et le solent dans 20 nœuds de vent. J'étais à l'intérieur quand un grain est arrivé. Je suis sorti pour régler les voiles. A ce moment-là, j'ai entendu un grand bang.
Virbac-Paprec 3 est parti au lof et s'est couché violemment. J'ai choqué l'écoute de grand-voile et ensuite le solent. Je l'ai roulé. Je suis allé en bout de bôme pour décoincer la bastaque. J'ai abattu doucement et le bateau s'est relevé. J'ai rempli l'ensemble des ballasts pour stabiliser le bateau.
Je fais route vers le nord-ouest à environ 8 nœuds avec 2 ris dans la grand-voile et la trinquette. La situation est stabilisée et je pense qu'il n'y a aucun risque de chavirage. Mon rêve de podium sur le Vendée Globe vient de couler subitement. »
MAJ à midi
JP Dick :"Je prendrais une décision rapidement"
« Sans quille, le bateau est devenu une grande planche à voile sans grosse capacité de rappel. Pour l’instant, je ne me sens pas en danger, j’ai rempli les ballasts au vent afin d’équilibrer le bateau. Tout est rangé. J’ai mis les deux safrans dans l’eau, il n’y a pas de risque immédiat pour moi. J’ai aussi mis une dérive pour contrôler ma direction. J’ai du temps devant moi avant de virer de bord ou d’empanner, je vais réfléchir aux différentes solutions. »
« Je suis encore dans l’action pour sécuriser mon bateau. Je vais bien malgré une douleur aux côtes, j’ai dormi un peu afin d’être lucide et ai mis de l’ordre dans le bateau. Je suis conscient que je vais être confronté à un choix difficile : celui de continuer la course ou celui de limiter les risques pour le bateau. Il y a un arbitrage à faire entre s’arrêter et celui de poursuivre la navigation avec un handicap. »
« Pour l’instant je n’ai pas étudié la météo. Je prendrais une décision rapidement mais je crains que le compétiteur et le marin ne soient pas d’accord ! C’est une grosse déception, la 3ème place était à portée d'étrave, elle m’attendait. J’ai travaillé pendant 4 ans en espérant terminer sur le podium du Vendée Globe. Ce n’est pas encore fini, je n’ai pas abandonné. Néanmoins ce ne sera pas simple de parcourir 2000 milles sans ma quille ! Faire du bateau sans quille c’est comme faire de la flûte sans les mains. »
*bulbe et voile de quille
Source : JP Dick / Vendée Globe